Chercher à comprendre…
Comprendre, disséquer, se disséquer, étudier, apprendre des autres, se cultiver, se confronter, transmettre…
Tout cela n’est-il pas « peine perdue » si, à un moment ou à un autre,
ne s’ouvre la possibilité d’incarner ce qui a été compris… Sentir, ressentir…
« Incarner le verbe », je suis poursuivi, empli de cette idée.
La différence entre connaître et savoir / Pragma et Panta / Dogme et Gnose.
Je ne suis pas savant. J’ai glané tout au long de mon chemin, dans les fossés et les horizons,
dans mes expériences humaines, des images, des concepts, des pensées et des idées,
des visions qui maintenant s’organisent et prennent sens.
Fragile et puissante tentative de partage, de transmission d’un ressenti du monde sensible,
philosophique, intuitif, spirituel, plus que du monde politique et social.
Recherche du vivant, de l’humain, du mystère des Dieux…
Ce qui est partout et ne peut être nommé, saisi, défini : l’APEIRON.
Ce qui est partout autour et en nous, dehors et dedans. Mystère du sacré-cœur.
Mystère de l’expérience de l’observateur et de l’observé qui pose question.
Pourquoi l’édition ?
Parce que je me questionnais sur la validité de la démarche artistique.
Parce que je désirais accompagner et révéler les motivations et le sens de ces démarches d’artistes
qui nous parlent d’autre chose que d’eux-mêmes.
Parce que j’avais mal au cœur et voulais me soigner.
Parce que j’ai rencontré une artiste qui, par ses peintures, me soignait.
Parce que je voulais partager ce qui me soigne et parfois m’emplit de quelque chose d’indéfinissable,
plus fort que le bonheur.
Parce que je voulais partager ma passion et mes questions.
Parce que je voulais me provoquer, me forcer à risquer, créer.
Parce que mes filles ont toutes les deux choisi les beaux-arts comme enseignement
et que je me demandais comment un père peut porter cette responsabilité
dans un monde comme celui-ci.
Parce que j’étais inconscient des difficultés à venir.
Parce que rien ne me semblait plus important que cela.
Parce que j’ai toujours mélangé vie professionnelle,
rencontres créatives et quête intérieure.
Parce que j’ai rencontré un éditeur de poésies qui m’a dit de ne surtout pas m’engager dans cette voie
et que je le sentais libre et porteur de quelque chose de très précieux et rare.
Parce que je ne pouvais faire autrement.
J’ai créé ces quelques livres avec les artistes dans un état de merveilleuse intuition.
J’ai même eu parfois l’impression que quelque chose, au dessus de mon épaule gauche, me frôlait et m’encourageait dans cette voie intuitive.
Très agréable sensation !
Ces livres que j’ai conçus, écrits, en lien avec les artistes, sont sensibles.
Ce sont des chemins, je les porte en moi, mais ce sont par les autres qu’ils reprennent vie et valeur.
Faire des livres c’est bien, il fallait aussi les vendre.
Pendant 3 mois je me suis déplacé en fourgon pour présenter ce travail.
Apprentissage de l’humilité et du monde, merci à Nicolas Bouvier pour sa trace.
J’ai rencontré des gens remarquables.
Ma démarche s’est fortifiée à leur contact et ils sont maintenant avec moi !
Ce parcours me donne par moments accès à la Poésie qui est au travail en moi.
Incarner le verbe, passer d’un état de lecture de la poésie du monde à un état de poésie.
Je ressens l’art, la philosophie, la poésie comme un moyen de dire ce qui n’est pas encore révélé
dans la conscience des hommes.
Georges Steiner, grand érudit, à la question « Comprendre, serait-ce manquer l’art ? »
répond ceci : « En un sens, je suis content de ne pas comprendre.
Imaginez-vous un monde où la neurochirurgie nous expliquerait Mozart…
C’est concevable, et cela me fait peur… »
Les hommes savants finissent-ils toujours par s’arrêter sur le seuil d’une porte qu’il est difficile de franchir ?
Un libraire de rencontre me rapportait les propos du Dalaï Lama racontant que la conscience était comme une pièce éclairée par une ampoule dont il suffisait d’augmenter l’intensité pour en percevoir les zones sombres. L’ensemble de la pièce existant depuis toujours.
Un autre me racontait le plaisir qu’il a ressenti à la lecture d’un graffiti sur un mur disant :
« Dieu est mort, signé Nietzsche », et au-dessus « Nietzsche est mort, signé Dieu » !
et aussi de Céline « L’amour… l’AMOUR… l’infini à la porté des caniches ».
J’ai le sentiment d’avoir tellement de choses à dire maintenant, arriverai-je à organiser cela
et en faire quelque chose de bien, d’utile ?
Je suis parti Homme, je désire en revenir Humain.
J’y travaille !
Des livres qui racontent des Images…