Les éditions Apeiron, pour l’amour de l’image et de l’art poétique
Elodie Pinguet – 12.04.2017
Basées à Saint-Junien en Haute-Vienne, les éditions Apeiron se qualifient comme des éditions d’Art poétique. Ici, l’importance est donnée à l’image plus qu’aux mots. Le résultat donne de véritables œuvres d’art. ActuaLitté a rencontré l’éditeur Yves Chagnaud.

Aux éditions Apeiron, on aime présenter de beaux livres, comme si on « réinventait une forme de livre ». L’identité et le plaisir de la maison créée voilà six ans c’est de « travailler avec des artistes et de faire des livres d’artistes ».

D’un côté, ils placent les œuvres elles-mêmes et de l’autre, l’origine de l’œuvre : d’où elle vient ou ce qui a inspiré l’artiste. Ainsi ils travaillent directement avec les artistes : « Quand on m’envoie un manuscrit je ne sais pas quoi en faire, je n’ai pas envie de travailler avec des mots, y’en a plein qui font déjà ça. »
Son inspiration, il l’a tiré de la visite d’une exposition : « Il n’y avait absolument rien d’écrit, mais je suis sorti avec une émotion et un enseignement qui étaient transmis par l’image et c’est ce que je cherche à faire aujourd’hui. »
La maison d’édition est née « d’une nécessité de trouver du sens ». Les filles d’Yves Chagnaud faisaient les Beaux-Arts et il se demandait « pourquoi, dans un monde matérialiste, les gens s’engageaient dans des démarches comme celles-là. Il fallait que je me prouve à moi-même que la poésie et la démarche artistique avaient une valeur ». La première artiste à collaborer avec la maison était Annie Courtiaud, qui travaille sur l’amour « romantique, mais aussi l’amour de soi ».
Ainsi aux éditions Apeiron la mission est simple, il faut « transmettre par l’image un travail d’artiste ou transmettre dans un livre les émotions à travers les images ». Le résultat est surprenant, les images nous parlent et emportent le lecteur dans un tourbillon de pensées.

Un travail manuel de l’accordéon au carnet de voyage
Chez eux, environ 80 % des livres sont en accordéon, imprimés au recto et verso, car « on peut utiliser cette circulation de l’accordéon pour raconter et développer des histoires ».
Il faut savoir que chez Apeiron, les livres sont montés à la main. Il y a donc peu de stock et une production limitée. Les livres sont réalisés dans un rayon de 100 km autour de la maison : « Ils sont imprimés à Tulle, la matière des couvertures carton est fabriquée dans le nord de la Creuse et les couvertures sont façonnées à 40 km de chez moi. Ensuite on récupère les composants et on monte le livre nous-mêmes. »
Ils réalisent en moyenne entre 500 et 1000 exemplaires de chaque ouvrage, mais qu’ils prennent le temps de vendre, car « ce sont des livres intemporels ». Pour trouver les livres, une seule solution : se les procurer à travers l’une des 130 libraires en France qui les proposent ou les commander sur internet.
Après plusieurs années d’accordéon, il a voulu « essayer de faire des nouveaux livres un peu plus classiques ». Ces livres ce sont des carnets de voyages, avec à l’intérieur des pages qui se déplient et qui vous emmènent en Équateur et prochainement au Costa Rica. C’est également une manière de travailler sur des thèmes « qui ne sont pas toujours abordés par des grandes maisons d’édition ». Et l’Amérique latine, pourtant pleine de richesses, est souvent mise de côté au profit de l’Amérique du Nord.
La reconnaissance des pairs
Si au début, on lui avait dit que sa maison aurait du mal à fonctionner, aujourd’hui les éditions Apeiron s’affirment sur le marché de l’art poétique et participent aux plus grands marchés de la poésie du territoire, à Paris, à Rochefort-sur-Loire, à Bordeaux, là « où il y a des pointures, des gens d’une puissance poétique profonde et ces gens-là nous ont acceptés et j’en suis particulièrement fier ».
Pour Yves Chagnaud, ces artistes sont « dans une conscience du monde tellement merveilleuse, tellement élevée et tellement profonde qu’être reconnu par ces gens-là est un réel plaisir. » C’est même mieux que gagner des millions d’euros.
Création et poésie sont très liées : « La création, c’est un ébranlement poétique d’un texte qui vous transcende, qui vous sort d’un monde et qui vous amène dans une autre conscience du monde. »